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Page:Berthelot - Louis Ménard et son œuvre, Juven.djvu/240

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RÊVERIES HISTORIQUES

âmes épurées par la douleur et sanctifiées par le sacrifice. Car les Dieux ne peuvent mourir, et, quand on croit avoir scellé la pierre de leur sépulcre, ils ressuscitent dans leur gloire, et l’humanité se prosterné et adore, comme aux jours où, devant cette éblouissante lumière du seizième siècle, elle a salué la renaissance des anciens Dieux.

Le réel étant le miroir de l’idéal, les sociétés s’ordonnent selon la manière dont elles conçoivent l’ordre de l’univers, et les formes politiques répondent aux conceptions religieuses : au monothéisme la monarchie, au panthéisme le régime des castes, au polythéisme la république. Les Juifs et les Musulmans, qui admettent le monothéisme dans toute sa ridigité, n’ont jamais eu d’autre idéal politique que la monarchie. Et il n’y a place ni pour le droit ni pour le privilège ; l’État c’est l’unité dans la servitude ; la loi est une révélation d’en haut, la morale sociale une soumission sans réservée aux ordres du roi, du calife, du sultan, représentant de la puissance divine. Le panthéisme conçoit l’unité sous une forme hiérarchique. Il considère le monde comme un être unique, dont les manifestations, que nous nommons les êtres finis, n’ont pas d’existence propre, et partant aucun droit individuel. Dans la société comme dans l’univers, l’ordre résulte de la division hiérarchique de fonctions. C’est le système des castes, appliqué autrefois ! en Egypte et qui subsiste encore aujourd’hui dans l’Inde.]

Le polythéisme considère le monde comme une fédération de forces distinctes et de lois multiples. Sa théologie est fondée sur la pluralité des causes, sa morale sur ! le droit et le libre arbitre. Entre les lois divines dont