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CLÉOPÂTRE

veillant chaussé de sandales ou le murmure étouffé des jeunes esclaves couchés à plat ventre et suivant, le menton dans la main, les hasardeux coups de dés d’une partie clandestine.

Cléopâtre, à demi étendue sur un amoncellement de coussins, laisse ses suivantes procéder aux soins de son coucher. Indifférente, elle considère d’un œil lassé les splendeurs éparses autour d’elle ; son regard se promène des merveilleux lampas tissus d’or et de pourpre qui s’étalent sur les parois de la chambre aux grandes amphores incrustées d’argent, dont le col allongé et brillant ressemble à celui d’un cygne.

D’un pas mesuré et rythmique ses femmes vont et viennent ; sans dire une parole, elles s’alternent dans des mouvements prévus, et comme en l’accomplissement d’un rite. Une odeur d’encens s’élève des profonds cratères d’airain où brûlent le kyphi[1] et les résines mêlées du benjoin et de la myrrhe.

Les longues tresses noires de Cléopâtre ont

  1. Voir note justificative no 2, p. 282.