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le colosse de rhodes

çus. Quelle occasion charmante pour eux de dérober à leur existence si austère quelques instants de bonheur ? Likès était arrivé le premier près d’un petit autel dédié aux Nymphes Telchiniennes, où il devait attendre Lyssa. Un bois d’arbres à mastic et de térébinthes était à l’entour. Il s’y promenait à grands pas, fiévreusement, en essayant d’oublier l’heure ; il essayait aussi d’oublier ses inquiétudes. Certes, il savait qu’en laissant l’amour se glisser ainsi dans sa vie, il avait commis une faute grave contre l’ambition qui devait la gouverner. Mais il n’avait pas su résister à temps. Le charme de Lyssa, sa douceur, sa candeur à la fois naïve et perverse l’avaient enveloppé de liens d’autant plus puissants qu’ils étaient plus frêles ; c’était le réseau d’Arachnide aux mille replis dans lequel le frelon captif bourdonne sans pouvoir s’en échapper. D’ailleurs il ne songeait pas à s’échapper, bien au contraire. Il avait soif de ces caresses dont sa jeunesse vouée au travail avait été privée trop longtemps. Il avait soif de cette bouche qui sentait l’encens, de ces prunelles humides qui reflétaient le bleu du ciel, de tout