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le colosse de rhodes

robustesse, que le Sénat romain avait demandés à Rhodes, sachant que nulle part ailleurs on ne construisait des navires aussi parfaits. Likès chaque jour descendait voir les progrès de cet énorme travail. Pour stimuler le zèle des ouvriers, il avait établi entre eux une sorte de rivalité permanente, et, d’accord avec les autres mastères, il avait décidé que la ville doterait richement ceux qui feraient preuve de plus d’activité et de plus d’adresse. Les heures, les minutes devenaient précieuses. Comment les chefs ne donneraient-ils pas eux-mêmes l’exemple de la discipline et du dévouement à la patrie ?

Pourtant les instances de Lyssa et le propre désir que Likès portait dans son cœur avaient triomphé de ces hésitations. Lui aussi, il avait pris le chemin de la blanche Camire ; et, pour arriver plus vite, il avait fait seller un cheval dont il avait souvent éprouvé l’endurance et l’ardeur. Sur la route argileuse, il galopait éperdument ; ce qu’il laissait derrière lui, l’ambition, l’orgueil et même la noble folie de la gloire, tout cela valait-il l’extase amou-