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le colosse de rhodes

glabre, ses yeux enfoncés sous l’orbite et dont on ne discernait pas la couleur, avaient une signification redoutable. Pourtant il souriait par instants, lorsqu’un cri plus vif sorti de la foule venait le frapper en pleine poitrine, comme une flèche se rive au but. Mais il ne regardait personne. Il portait avec lui le poids de la dignité romaine. Qu’était-ce que Rhodes, qu’était-ce que cette île, à peine longue de soixante-dix milles, comparée à l’immense expansion de la République ? S’il daignait y venir, c’était que l’heure était grave et que le plus mince secours n’était pas à dédaigner. Il fallait faire échec à la puissance d’Antiochus, et mettre le pied sur cette Asie qui refermait sur elle ses voiles légers, plus impénétrables que des remparts et des forteresses.

Flaminius avançait, le front nu sous l’averse de lumière. Quand il eut atteint le centre de la place, il monta dans le char attelé de mules blanches qui l’attendait. Il s’y tint debout un instant, et cette fois promena ses regards autour de lui. De ce point central, la ville se déployait, percée de telle