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le colosse de rhodes

voiles sur les planches vernies du pentécontore comme elle l’eût fait sur les riches mosaïques de son palais. Isanor cependant était resté au bord du rivage ; cette promenade de quelques heures dans les eaux de la mer Égée lui semblait une fatigue bien inutile. Il appela Likès, qui se préparait à monter dans une des galères et lui dit tout bas :

— Embarque-toi à ma place et préviens Namourah qu’elle n’ait pas à s’inquiéter. Je rentre au Palais où elle me retrouvera ce soir.

Likès n’avait eu que le temps de sauter dans le grand navire. Déjà les rameurs, d’un rythme égal, battaient le front courbe des vagues. De la terre une immense acclamation salua le départ du pentécontore. On le vit s’éloigner dans la direction des petites îles ; un sillage blanc marqua son passage à travers les eaux écumantes.

Likès s’était approché de Namourah. Elle se tenait à côté du navarque, debout, au-dessus de la proue que bombaient les seins orgueilleux d’une sirène. Ses mains nues s’appuyaient sur la tête de la séduc-