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le colosse de rhodes

gent. — Moi, j’ai toujours été enclin à mépriser la fortune.

— Tu as tort, reprit Namourah lentement ; il ne faut mépriser rien de ce qui nous aide à réaliser nos désirs. Nos désirs sont des ailes qui nous emportent dans l’espace ; mais que deviendrions-nous, si des branches favorables ne nous étaient pas tendues ? C’est sur les branches, et non au milieu des airs, que les oiseaux font leurs nids.

Pausistrate, la main posée sur sa barbe noire, dit à son tour :

— J’admire la sagesse de Namourah, après avoir admiré sa science. Elle a parcouru le cycle tracé par l’esprit humain, et elle garde dans son cœur et sur ses lèvres l’indulgence des êtres qui se sont élevés au-dessus du vulgaire.

— Tu te trompes, Navarque, se hâta de répliquer la Juive. Je ne suis point ni si orgueilleuse, ni si insensible. Je suis une simple femme, vouée comme les autres aux inquiétudes incessantes des passions.

Pendant ce colloque, le lieutenant romain était resté seul sous le pavillon. Pausistrate se hâta d’aller le rejoindre. On pénétrait