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le colosse de rhodes

du Romain mettait une auréole de volupté. Le navarque continua presque bas :

— La terre que tu vois à ta droite, léchée par les vagues ardentes et toute revêtue de smilax et de lierres, est inaccessible aux hommes, — ou plutôt personne n’ose y aborder : elle est la demeure des Bacchiades qui y célèbrent les mystères de Dionysos et qui, sur leurs ventres nus, portent des serpents comme une ceinture de joyaux. Ceux qui passent la nuit, près de là, prétendent qu’une musique enivrante, faite de flûtes, de tambourins et de cymbales, retentit au milieu des vignes, tandis que les oiseaux, que le dieu aime, viennent se gorger aux grappes gonflées de suc. Ne te penche pas, Flaminius ; si tu apercevais le corps nu d’une Bacchiade, et si elle te jetait un baiser, tu serais forcé de la rejoindre et tu ne reviendrais plus parmi nous.

— Tu crois à ces choses ? dit Flaminius en affectant de sourire.

— Non ; mais il faut respecter les légendes ; elles font partie de notre vie ancienne et nous tiennent liés au passé par nos fibres les plus secrètes. Nous voici loin, d’ailleurs, de