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I

Trois mois s’étaient écoulés depuis que Namourah avait déclaré son amour à Likès, et rien n’était changé dans leur situation réciproque. Le jeune mastère continuait à venir au palais chaque fois que son service l’obligeait à causer avec Isanor ; il s’asseyait à la table du gouverneur de l’Arsenal quand il y était invité ; il ne laissait voir dans ses manières aucune gêne, aucune contrainte. Que se passait-il en lui, et quel mystérieux pouvoir le dominait ?

Namourah ne s’y trompait pas : Likès devait être épris d’une autre femme ; pour avoir l’audace de la dédaigner, elle à qui tout cédait constamment, pour repousser ainsi la volupté et la fortune, il fallait qu’il eût le cœur occupé tout entier et les sens asservis par une irrésistible maîtresse.