Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/220

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
le colosse de rhodes

seul était le cep stérile que l’on jette au feu, parce qu’il n’a produit aucun bourgeon. Et pourtant il se sentait plein de vigueur et de sève. En ce moment l’air salé de la mer fouettait rudement son visage. Il se souvenait que, petit, il était venu souvent à cette même place chercher cette caresse virile ; ses poumons alors se gonflaient d’une force étrange, et une joie immense l’inondait, en même temps que la soif de la vie montait à ses lèvres, avec le sel du rivage. La vie ? elle devait encore recéler bien des jouissances de toutes sortes, bien des émotions qu’il n’avait jamais éprouvées, quoi qu’il eût, aux ides dernières, commencé le sixième lustre de son âge.

Il était arrivé devant la porte du palais. Les gardiens qui le connaissaient le laissèrent franchir librement le seuil. Et tout de suite il se rendit dans la salle de réception d’Isanor qui occupait, avec les galeries d’attente, le rez-de-chaussée de l’édifice. Il n’y avait personne. Sans doute le chef de l’Arsenal était-il encore dans ses appartements privés. Likès monta l’escalier dont chaque marche était recouverte d’un tapis