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le colosse de rhodes

il fut à la hauteur du Môle, il jeta les avirons et sauta sur les pierres disjointes.

— Rhodiens, déclara-t-il, vous avez été vaincus, non point par la force, mais par la ruse.

Et, se frayant un passage d’un geste impérieux, il se rendit à l’Arsenal. Derrière lui la foule courait. On n’osait cependant ni l’interroger, ni le retarder dans sa marche. Bientôt on allait tout savoir. Et on le suivait en silence, dans l’espoir qu’il se retournerait peut-être et qu’il laisserait tomber quelque autre nouvelle. En effet, quand il eut monté les marches du palais d’Isanor, il dit brièvement :

— Le navarque a été tué ; presque tous les hommes qui l’accompagnaient ont péri.

Alors ce fut une consternation. On savait que l’élite de la jeunesse rhodienne, l’élément le plus énergique de la population, avait suivi Pausistrate dans cette aventure guerrière dont on attendait grande gloire. Par quelle ruse Antiochus, ou plutôt le traître Polyxénidas, était-il parvenu à avoir raison de tant de vaillance et de bonnes volontés unies ? On murmurait. Le temps