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le colosse de rhodes

frappait la crête des montagnes. Le grand Atabyrion semblait un cyclope formidable dressé en face du ciel et prêt à dévorer les pygmées qui s’aventuraient à son ombre. Et tout le paysage à l’entour respirait l’effroi et une sorte d’horreur funèbre.

Lyssa avait hâte de toucher au terme de son voyage. Une crainte lui venait de ne plus retrouver vivant le vieux modeleur dont elle avait gardé un souvenir attendri. Que ferait-elle alors, et à qui confierait-elle ses pensées inquiètes, changeantes, incertaines ? Avec qui parlerait-elle de son amant ? Car c’était lui, quelque chose de lui encore, qu’elle venait chercher dans cette solitude. Et le vieux Praxitas, qui avait connu Likès tout enfant, pourrait satisfaire cette faim et cette soif que les caresses les plus vives n’avaient point comblées. Il lui expliquerait ce qu’elle ne pouvait comprendre : le mystère d’un cœur d’homme que la vie entraîne et ballotte dans ses ondes ; il lui donnerait l’intelligence de ces choses dont elle n’avait qu’un pressentiment obscur. N’était-ce pas dans le temple de la Minerve Lindienne que Danaüs et ses