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le colosse de rhodes

eût-il été pour elle la tendre rosée qui fait s’épanouir les sèves.

Elle cherchait à se distraire en pensant à ces choses, mais au fond d’elle-même une seule inquiétude veillait, absorbait toutes ses forces vives. L’heure passait, et Likès ne venait point. Quel obstacle insurmontable le retenait ? Depuis quelques semaines il manquait tous leurs rendez-vous. Il y avait plus d’un mois maintenant qu’elle ne l’avait vu… Un mois qui lui avait paru un siècle, et où chaque jour elle avait pleuré… Des alternatives de découragement et d’espérance la roulaient dans des vagues toujours changeantes. Elle avait parfois la sensation suraiguë du noyé qui voit se rompre la seule branche où se raccroche sa vie. Mais ce matin elle s’était levée en joie. Il lui semblait que toutes ses angoisses allaient finir.

Elle n’osait pas aller au-devant de Likès : un jour, elle s’en souvenait, il lui avait défendu de l’attendre sur la route. C’était ce même jour où, réfugiés dans le petit pavillon des graines, ils avaient vu passer Stasippe le pontife, reconduisant Namourah