Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
257
le colosse de rhodes

elle va enfin pouvoir exalter dans la lumière les rameaux de son printemps. Et plus tard ces souvenirs lui seront doux. Elle ne sera pas comme celles qui ont été maudites à leur naissance et dont la jeunesse n’a porté aucune fleur. » Je me disais cela, Lyssa, et je m’en réjouissais dans mon âme. Pouvais-je penser que tu te donnerais avec une telle frénésie ?

Lyssa ne répondit pas. Mais, comme se parlant à elle-même, elle prononça à voix basse :

— La mort seule pourrait me guérir. N’ai-je pas d’ailleurs mérité la mort le jour où j’ai trahi le Seigneur souverain auquel nous avons consacré nos existences ? Écoute, Dornis, je n’ai aucun remords, et au fond de moi-même je ne me sens pas coupable. Cependant quelque chose me dit que je serai frappée.

— Tais-toi, fit Dornis en l’embrassant.

Et elle ajouta naïvement :

— Crois-tu donc que tu sois la première d’entre nous qui ait failli ? Crois-tu que parmi toutes les Veuves-gardiennes dont la liberté est complète, il n’en est pas qui ait