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le colosse de rhodes

— Ô Likès, dit tout à coup Namourah en l’attirant contre sa poitrine, ne sens-tu pas comme moi un grand accablement, une félicité trop vive ? J’ai besoin de tes yeux, de ta voix, de ton haleine, pour ne pas défaillir avant d’avoir touché le port.

Likès éprouvait une plénitude semblable. Il posa sa tête sur l’épaule de Namourah ; leurs regards se confondirent. Le même désir les fit frissonner tous deux.

— Écoute, reprit Namourah d’une voix plaintive, écoute les battements de mon cœur. Jamais depuis que je suis femme mon cœur n’a battu aussi délicieusement. L’épouse du Cantique, quand elle soupirait après le bien-aimé, n’était pas plus énamourée que moi.

— Oui, dit Likès, tu es bien ce vase d’élection où brûle une flamme divine, inextinguible et sacrée. Et cette flamme, ô Namourah, tu l’as fait passer dans mes veines.

— Alors tu m’aimes ? demanda Namourah lentement.

Likès tressaillit. Dans leurs emportements les plus sensuels, il n’avait jamais prononcé les mots divins ; jamais cette