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le colosse de rhodes

la Perse, l’Assyrie et l’Égypte, ces villes ruinées dans leur liberté, mais toujours admirables et puissantes, se montrèrent, appuyées aux dernières pentes du Liban et dressées devant l’horizon comme guettant la fuyante proie des Océans. Alors Namourah fit un geste large qui embrassa cette vision vague encore, et, lentement, elle nomma les cinq villes glorieuses, échelonnées sur les promontoires :

— Byblos ! Béryte ! Sidon ! Sarepta ! Tyr !

Likès s’était levé. Une émotion indicible le faisait frémir. Il n’avait jamais quitté les parages de son île ; jamais il n’avait vu autre chose que la figure formidable du Colosse dominant Rhodes, l’écrasant presque sous son talon de bronze, géant à l’ombre duquel aucune fleur ne pouvait pousser ; depuis qu’il avait pris place dans la capitale nouvelle, ce Colosse d’airain avait tout tiré à soi ; l’âme des habitants s’était modelée à son image, et il n’était peut-être pas un éphèbe dans toute la cité qui ne préférât les jouissances matérielles dont il était le symbole au culte de la pure beauté. Or,