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le colosse de rhodes

— Je t’ai amené ici, dit enfin Namourah à Likès, afin que tu juges par tes yeux où peut atteindre la volonté humaine. Nulle part au monde un destin plus ingrat n’était réservé à un peuple. Resserré entre des empires écrasants, et nés sur une terre stérile, il semblait que ces Chanéens maudits n’eussent aucune issue que l’esclavage ; cependant ils ont été les maîtres du négoce, et leur flotte a couru sur les mers, dépassant les colonnes d’Hercule avant celles de tous les autres peuples. Voilà, ô Likès, ce que tu peux faire de Rhodes ! Une seconde Tyr ! Certes elle est déjà glorieuse et riche ; tous les étrangers sont en admiration devant elle. Mais que de choses encore lui manquent ! Que de perles à ajouter à sa couronne ! Je t’aiderai, si tu le veux ; et nous unirons nos forces pour cette réalisation suprême.

Elle regarda longuement Likès ; puis elle lui dit en pâlissant :

— Isanor est vieux ; bientôt un autre époux le remplacera dans ma couche. Il aura ta voix, ton nom, ton visage ; et nous dominerons la terre ; — car la volupté n’est