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le colosse de rhodes

tait ; ses doigts se crispèrent sur son gorgerin de perles.

— Likès, répéta-t-elle d’une voix presque éteinte. Likès ? Est-ce le jeune ingénieur qui garde la partie secrète de l’Arsenal ?

— Lui-même, Adonaïa. Tu dois le connaître, et ton intervention auprès de lui n’en sera que plus efficace.

Alors Namourah jeta un regard oblique sur celle qui lui parlait ; mais rien dans son attitude ne décelait la moindre arrière-pensée. Elle était sincère, assurément ; elle avait été conduite jusque-là par l’ingénuité de son cœur, cette petite amante éplorée qui venait se mettre sous son égide.

— Relève ton voile ! ordonna la Juive. Laisse-moi voir ton visage !

Lyssa releva son voile ; ses deux prunelles d’un bleu si pur, dont l’éclat était avivé par les larmes, son nez aux petites ailes palpitantes, sa bouche étroite et fraîche comme une fleur, apparurent aux yeux curieusement avides de Namourah. C’était là, c’était là, la femme que Likès avait aimée !… À cause de celle-là longtemps il avait résisté à ses avances ; à cause de celle-là, il avait risqué