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le colosse de rhodes

tristesse flottait autour de ses épaules : il était seul. Rien ne s’égalait à lui. Où étaient-ils ceux de sa race, ces Géants anciens qui, les premiers, avaient habité l’île, lorsque, volcanique encore, elle était sortie des ondes ? Où étaient-ils les Cyclopes au large front, et les Centaures chevauchant les vallées profondes ou les crêtes dentelées des montagnes ? Ceux-là étaient ses vrais ancêtres, ceux-là l’avaient précédé sur cette terre de promission dont ils lui avaient ouvert le chemin. Et les yeux du Colosse interrogeaient les quatre vents de l’horizon ; et son âme enfermée dans son corps de bronze tressaillait au mystère béant de la nuit. Pas d’étoiles ; une lune fantastique, traversée de nuages, se montrait derrière le col de l’Atabyrion… Et, bientôt, des ombres se levèrent, de grandes ombres, enveloppées de brumes épaisses ; elles sortaient des antres inaccessibles, du creux des rochers et même des pentes arides des torrents ; elles s’avançaient, menant une course désordonnée et inquiète, tandis que la galopée des nuages couvrait et découvrait le visage blanc de la lune. Et le Co-