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le colosse de rhodes

cune importance, le poursuivait malgré lui. Il revoyait l’enfant pervers juché sur le candélabre à neuf branches, un miroir poli à la main, et il entendait sa voix ricanante lui jeter cet horoscope : « Tu seras désiré à la fois de l’amour et de la fortune, et tu devras choisir entre les deux. » Et Likès se demandait avec anxiété si vraiment ses vœux ne seraient qu’à moitié remplis. Comme tous ses concitoyens, il était ambitieux et avide d’honneurs, mais il était jeune et il portait dans sa poitrine un cœur ardent. Aimer, être aimé, connaître dans toute leur ivresse ces joies incomparables qui font la beauté de la vie, que tous les poètes ont chantées, que tous les adolescents ont attendues, et qui sont les mêmes pour les plus glorieux héros que pour les plus humbles mortels : voilà ce qu’il souhaitait avant tout. Les dieux, en créant le monde, avaient obéi eux-mêmes aux lois inflexibles de l’amour. Ils savaient bien qu’au-dessus de l’Olympe, au-dessus des vastes cieux comme aux entrailles profondes du Cosmos, une force éternelle menait la ronde de la vie et qu’un baiser