Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
le colosse de rhodes

marchands étrangers. Alexios portait, lui aussi, les cheveux bouclés à la mode lindienne, mais il avait le visage dur et la lèvre bridée par un pli d’orgueil. C’était un homme aventureux et hardi, dont on disait qu’il avait fait un pacte avec la Fortune. En dix ans, il avait conquis une des plus belles situations de la ville. Grâce à son influence, il avait fait entrer Likès à l’Arsenal, il l’avait fait nommer, l’année précédente, membre du Conseil des Mastères, et constamment il le dirigeait, le soutenait, travaillait à développer ses énergies. Likès subissait sans se plaindre cette autorité fraternelle. Alexios lui inspirait beaucoup d’admiration ; il aurait voulu lui ressembler, être, comme lui, toujours prêt à la lutte, tendu, ramassé sur l’effort. Mais il se sentait double et très différent par certains côtés de sa nature. Il ne pouvait se dérober à ce besoin de rêve, de douceur et de tendresse qui le reprenait chaque fois que, sa tâche achevée, il était libre de suivre la pente de son esprit. Certes, le travail ne le rebutait pas. Il aimait les graves problèmes qu’il était appelé à résoudre. Il