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le colosse de rhodes

rares intervalles. Le jeune pontife, étonné, interrogeait du regard son ancien ami.

— Un singulier moment que j’ai choisi, n’est-ce pas, pour pénétrer dans l’Aleïon ? dit enfin Likès en souriant. Heureusement mon titre de mastère me permet de m’introduire partout, et il m’a suffi de montrer mes insignes pour que le gardien du temple me laissât passer. Excuse-moi, Stasippe, si je suis indiscret ou importun.

— Nullement. Je pensais à toi tout à l’heure. Devant ce ciel constellé d’étoiles, nos rêveries d’adolescents me revenaient à l’esprit. Et je me demandais si tu étais heureux ?

— Tu dois le savoir mieux que moi, puisque tu connais toutes choses.

— Toutes choses ! Hélas ! je n’en perçois que les reflets, des ombres lointaines et fugitives. Et la raison de tout m’échappe comme à toi-même. Mais, dis-moi ce qui t’amène, Likès ?

Likès hésita une minute ; son beau visage pâle portait les traces d’une émotion qu’il avait grand’peine à dissimuler. Il fit un geste vague de la main droite, tandis que