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le colosse de rhodes

terrasse dont la ligne blanche s’allongeait au-dessous de la tour de l’Observatoire :

— Souvent je lève mes regards de ce côté, et je vois des formes vagues passer entre le ciel et la mer. On dirait des cigales d’or suspendues au balcon de la terrasse. Ne sont-ce pas les Veuves-gardiennes qui viennent prendre là quelque repos ?

— Ce sont elles. Elles ont consacré leur vie aux soins du trépied sacré et à l’ornementation du sanctuaire. Quelques-unes, plus avancées dans la vie contemplative, poursuivent avec nous l’étude des astres. Toutes sont venues offrir au dieu-Zodiacal leur jeunesse découronnée par la mort d’un époux chéri.

— Et aucune ne regrette son sacrifice ?

— Je ne le pense pas. Leurs sens et les harmonies secrètes de leurs âmes se sont transposés dans l’infini. Elles ont recouvré la pureté des vierges, tout en gardant cette compréhension du divin que seule donne la science de la volupté. Elles sont nos sœurs mélancoliques et douces, et nous aimons à les rencontrer sur notre passage.

— Que te disais-je ? fit Likès avec feu.