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le colosse de rhodes

de cèdre, incrusté de trèfles d’ivoire ; sa tête brune était coiffée d’un diadème à trois rangs d’émeraudes, de saphirs et de rubis, et sa gorge resplendissait sous un collier de perles ovales. Ses paupières étaient peintes en dedans à la façon syrienne, et ses sourcils, allongés au pinceau, barraient son front d’une seule ligne brillante. Ses bras, très beaux et nus du poignet à l’aisselle, montraient la qualité précieuse de sa chair au grain serré, veloutée comme une mandarine des jardins de Saron ; toute sa personne donnait l’idée d’un fruit savoureux, et la sensualité était marquée sur ses lèvres charnues et dures, rougies par le fard. Cependant Likès n’éprouva, à la regarder face à face, aucune émotion. Souvent il l’avait aperçue de loin lorsque, portée sur sa litière par quatre nègres libyens, elle parcourait les rues de la ville et s’arrêtait sous les Stoa, devant les boutiques des orfèvres, pour examiner les pierres précieuses enchâssées dans l’or des gorgerins et des bagues. Et elle aussi devait bien le connaître, car elle lui souriait, d’un sourire presque amical ; et, sans attendre qu’Isanor le lui eût amené