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le colosse de rhodes

qui lui commandait de quitter la haute terrasse et la contemplation des étoiles, et de descendre vers la vie avec sa beauté fragile et ses vingt ans.

Enveloppée dans une exomide légère, elle marchait à petits pas sur le sable d’or. Son cœur battait : elle apercevait là-bas, de l’autre côté de la grande mer, les lointains rivages de la Carie où s’était écoulée son enfance ; elle se souvenait de ce frère qui avait été son époux, et que même dans la couche conjugale elle n’avait cessé de chérir chastement ; elle souriait au soleil, à la mer bleue ; mais des larmes mouillaient ses paupières et le souffle du large oppressait sa poitrine. Un immense désir de bonheur entrait en elle avec le souffle du large et les embruns de la mer.

Des matelots, assis à l’écart, la regardaient passer sans se douter qu’elle était une des prêtresses du Temple. Elle semblait si jeune dans ses voiles transparents ! Ses cheveux se gonflaient comme des touffes de verveines autour de ses tempes, et sa petite bouche avait l’éclat luisant d’une fleur de grenade.