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le colosse de rhodes

reconnais à leur costume bariolé les matelots syriens qui la mènent.

Une sacolève d’Asie, pas plus grande qu’un oiseau marin, se dessinait en effet sur les vagues ; deux petites ombres se tenaient à l’arrière ; on distinguait le mouvement rythmé de leurs bras, ainsi que leur torse immobile, plié sous un capuchon à raies rouges et vertes. Elle avançait doucement, comme portée par une âme intelligente. Autour de sa coque fragile un ourlet d’écume s’épaississait. Et elle grandissait à mesure ; on voyait maintenant le visage des deux matelots ; on pouvait compter le nombre des boîtes à parfums posées sur la planche luisante qui s’arrondissait à la proue.

Likès et Lyssa s’étaient pris la main ; ils regardaient flotter doucement cette chose libre et légère ; et la même pensée leur venait : partir ensemble, goûter ensemble un bonheur infini comme la mer et le ciel. Mais que de liens les retenaient ! Que d’obstacles les empêchaient de s’unir ! Les deux masses formidables de l’Arsenal et du Temple s’étageaient derrière leurs épaules ; de cha-