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le colosse de rhodes

pas comme ces mortels inquiets et stupides, qui laissent passer la félicité présente pour courir après un bonheur chimérique.

Une même vision d’amour passa devant eux, et ils se sourirent. Puis ils devinrent silencieux, car ils touchaient aux portes de la capitale antique, si vieille, si abandonnée, si déserte, mais si noble encore dans la rigidité de son visage tourné vers l’Orient, qui lui avait donné la vie ! C’était là que Danaüs, débarquant d’Égypte avec ses filles, avait institué les anciens mystères ; c’était là que la Nature était révérée sous le nom de la Minerve Lindienne, comme elle l’était à Saïs sous les traits de l’Isis impérissable. Le temple de la Déesse couvrait le sommet de l’Acropole, tandis qu’un vieux sanctuaire de Bacchus-Thionée, presque en ruines et qui ressemblait à un tombeau, occupait la partie occidentale de la colline. Et de l’autre côté, c’était le théâtre immense et vide dont les gradins de pierre grise descendaient en cercles concentriques jusqu’à la mer. Dans cette enceinte, les Rhodiens des temps héroï-