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les vierges de syracuse

deau sacré, n’avons-nous pas renoncé à tout ce que nous avons pu aimer autrefois et fait l’abandon complet de nos personnes : en sorte que nous avons en réalité cessé de vivre par nous-mêmes pour être les sanctuaires purs et choisis de la Déesse ?

Et, pareil à un roucoulement de tourterelles, un murmure s’était élevé de toutes les bouches virginales :

— Oui, nous sommes les sanctuaires purs et choisis de la Déesse.

Elles disparues, Dorcas était resté longtemps encore enfoui dans l’anfractuosité de la muraille. Les battements de son cœur ne parvenaient pas à s’apaiser. Une odeur suave restait dans l’air, où se mêlaient le souvenir des aromates brûlés devant l’autel et la langueur du parfum des Vierges ; — et les vibrations des paroles de Praxilla, telles les émanations de ces parfums, demeuraient aussi suspendues dans la rue étroite et blanche, entre les tombeaux…

Depuis, à plusieurs reprises, Dorcas avait revu les Vierges. Tantôt elles étaient toutes réunies, tantôt une seule prêtresse accompagnait l’hiérophantide. Et de les entendre s’interpeller et se répondre, il en était arrivé à les connaître par leur nom. Il les distinguait même de loin aux particularités de leurs gestes ou à quelque pli de leurs vêtements, bien qu’elles fussent toutes voilées et