Aller au contenu

Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
132
les vierges de syracuse

et l’une et l’autre, d’une beauté parfaite mais hautaine, faisaient à la fois l’admiration et l’effroi du peuple.

Archimède avait consenti. Peut-être subissait-il l’infaillible attrait qu’exerçaient autour d’elles les deux princesses. En tout cas, son amitié pour Gélon lui imposait le devoir de se prêter à ce qui pouvait distraire ses derniers moments. Il s’assit sur le siège qui lui avait été préparé en face du vieux roi, et Néréis aussitôt commença le jeu des gryphes.

— Quelle est, dit-elle en s’adressant à son père, la raison pour laquelle il ne faut pas croire aux songes de l’automne ?

— Je l’ignore, répondit le roi, ne m’étant jamais préoccupé de mes rêves ; mais Dorcas va nous l’apprendre.

Dorcas, qui se tenait toujours debout auprès du vieillard, obéit :

— Ne serait-ce pas, fit-il, que dans la saison où les feuilles tombent l’esprit est moins apte à retenir les images, de sorte qu’au réveil ces images se brouillent et se confondent devant lui, comme les feuilles au pied de l’arbre dépouillé ?

— Bon ! dit Philistis. Qui nous donnera maintenant le mot de cette énigme : « Issu de parents sans aïeux et moi-même sans postérité, je suis un éphèbe couronné de roses, toujours jeune, toujours séduisant. »