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les vierges de syracuse

maient le chœur antique, l’antique rapsodie d’Homère le divin.

Car il était là tout entier, le peuple de Syracuse, ardent et vibrant, enthousiaste et sensible, tel encore après quatre siècles qu’il était sorti du cep dorien, gardant de la Grèce le meilleur de son âme et de son génie, le goût impérissable de la liberté.

Le Vaisseau-théâtre ondulait sur les flots argentés de la mer de Sicile… Assez près du rivage pour que la foule pût embrasser du regard les détails de l’épopée, il surgissait dans sa gloire nouvelle devant le double port de la ville, en face du palais des rois. Et c’était le roi lui-même, Hiéron II le « bon tyran », qui l’avait fait construire et amarrer là pour le plaisir de son peuple, pour entretenir dans les esprits l’amour des légendes sacrées et permettre à tous de s’emplir les yeux, les oreilles, de la beauté hellénique.

D’ailleurs aucun décor n’eût pu mieux s’approprier aux actions éclatantes des héros. Sur le pont du navire les silhouettes des comédiens grandissaient, semblaient monter jusqu’aux nues. Le bouillant Akilleus, et Briséis sa captive, et Agamemnon au front d’airain évoluaient entre l’arc luisant de la mer et l’orbe lumineux du ciel. Leurs gestes en prenaient une vertu plus sublime, tandis que les harmonies du chœur se mêlaient à l’haleine caden-