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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/181

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les vierges de syracuse

jeunes femmes marchaient derrière lui, ne le quittant pas du regard, de crainte de s’en trouver brusquement séparées. Fanie avançait entre Rhodoclée et Damalis. De temps en temps, elle étouffait un soupir.

— Chère Rhodoclée ! que vous êtes heureuse d’avoir votre époux auprès de vous, dit-elle enfin.

— Oui, fit Rhodoclée ; mais que diriez-vous si, comme à Damalis, le vôtre vous avait été pris par la mort ?

Fanie tressaillit et ne répondit rien ; elle venait de voir contre la sienne pâlir davantage encore la joue blanche de la Jacinthe ; et elle se disait que Perséphoneia, qui décide du sort des humains, était une déesse bien cruelle.

— Voulez-vous vous arrêter ici ? fit Théophraste en se retournant.

Devant eux était un théâtre en planches, qui vraisemblablement avait été élevé dans la nuit pour la circonstance, comme la plupart de ceux dont la ville se trouvait pleine. Mais il était gai et joli avec des lettres d’or peintes sur le linteau de sa façade, et des branches de lierre vivace entremêlées aux colonnes de stuc qui le supportaient. Sur l’estrade, un homme se livrait à une improvisation véhémente pour attirer les spectateurs. Ce devait être un Phrygien, car il s’agitait autant qu’un esclave sous le fouet, et son bonnet à mèche