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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/189

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les vierges de syracuse

tout le monde le connaissait, et voyant à quel degré aujourd’hui sa méditation était profonde, on s’écartait de lui avec respect.

Cependant un groupe de jeunes gens venait de quitter la palestre ; tous ils étaient souples et forts, dans le triomphant éclat d’une santé vigoureuse. Quelques-uns portaient les cheveux frisés et le petit manteau des philosophes, et leur épaule nue étincelait au soleil comme le fruit doré du pommier. De loin ils aperçurent Archimède, courbé et las, plus usé qu’il ne leur avait jamais paru. Le savant s’était arrêté et, le dos appuyé à une colonne, les yeux à demi-clos, il réfléchissait, tandis que le soleil, lui frappant brutalement le visage, en accusait les rides profondes.

— Il va se laisser mourir, si personne ne l’en empêche, dirent entre eux les jeunes hommes.

Et, s’enhardissant, ils l’entourèrent ; ils formèrent de toutes leurs mains rejointes un cercle étroit ; l’ayant ainsi emprisonné, ils lui parlèrent avec la familiarité tendre de disciples s’adressant à leur maître :

— Illustre Archimède, il faut aller aux Bains. Vous ne pouvez laisser plus longtemps votre corps sans les soins indispensables que réclame toute chair humaine. Voyez : la poussière a souillé vos vêtements, et vos membres même sont flétris et desséchés comme les feuillages altérés de l’olivier,