murailles, et Ortygie enfin que Hiéron embellissait chaque jour de munificences nouvelles, recevaient ensemble les rayons de sa splendeur. Au loin, dans la campagne, jusque la ligne bleue des collines du Thymbris, et les roseaux qui bordaient le cours de l’Anapos et la source mystérieuse de Cyané, cette splendeur se répercutait encore : des quatre points de l’horizon, comme une étoile au front de la cité, on voyait briller le Pégase, indompté et valeureux.
Pour l’instant tous les regards étaient attachés au Vaisseau-théâtre où achevaient de se dérouler les scènes de L’Iliade. Un grand silence pesait sur les poitrines oppressées ; la victoire suprême d’Akilleus s’évoquait comme une fresque géante sur l’arc assombri de la mer ; et chacun sentait se réveiller en son cœur le désir secret d’être un héros. Mais Syracuse n’avait plus besoin du bras de ses enfants. Après une lutte séculaire contre Rome ou contre Carthage, elle refleurissait dans la paix, à l’abri de l’épée latine et du glaive africain. Hiéron avait accompli ce miracle de la maintenir depuis soixante années subsistante par ses seules forces, de la faire peu à peu affranchir de lourds tributs. Et cet homme, qui portait le titre de tyran, avait renouvelé pour les Syracusains les beaux temps de la République primitive.
C’était fini. Le Vaisseau-théâtre, dont les feux