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les vierges de syracuse

Quand le cortège eut passé tout entier, et que dans l’avenue montante du cimetière la longue file se fut engagée comme un immense reptile aux anneaux mouvants, Gullis se retourna vers Orthon qui était venu se placer près d’elle.

— Ça va être beau, là-bas ! On dit que le sarcophage est tout en or massif et que les ornements en ont été commandés à Évériète.

— Il se peut, dit l’orfèvre brusquement.

Et il se remit à son travail. La phrase de Gullis venait de s’enfoncer comme un fer rouge dans son cœur et d’y causer une blessure cuisante. Il pensait que, sans l’incident de la couronne, c’eût été à lui que fût revenu le droit de ciseler dans le métal du sarcophage les bas-reliefs symboliques, la coupe enguirlandée de lierre et les figures de Bacchus et de la Déesse. Et sa haine augmentait pour ceux qui avaient découvert sa perfidie, et surtout pour Dorcas qu’il accusait en lui-même d’avoir ouvert les yeux à Hiéron et à Archimède. C’était sur Dorcas que se concentrait toute sa colère : Dorcas qui lui avait fait délivrer le lingot d’or ; Dorcas qui était venu le chercher dans sa boutique, et, sans rien lui dire, l’avait amené devant le roi pour être ignominieusement chassé du palais ; Dorcas enfin qu’il avait toujours détesté, même avant que ce sujet de discorde se fût institué entre eux.

— Oui, continuait Gullis de la porte, on va main-