Aller au contenu

Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
les vierges de syracuse

france, un soir que le soleil s’éteignait lentement à l’horizon. On l’avait trouvé assis devant sa terrasse qui bordait la mer, les yeux ouverts encore et remplis de cette dernière vision de clarté. On lui avait parlé, et, comme il ne répondait pas, on s’était aperçu que cette extase profonde en laquelle il semblait plongé était celle de la béatitude éternelle.

Après quelques semaines accordées au deuil public, il avait fallu songer aux affaires. De tous côtés une inquiétude sourde montait, pareille à la brume épaisse qui s’élève du sol détrempé par une rosée abondante. Quelles étaient les dernières volontés du bon tyran ? Il avait régné pendant des années si longues qu’on avait perdu de vue la perspective de le remplacer jamais. Cependant le moment était venu de savoir comment on allait être gouverné, quelles garanties seraient offertes au peuple en échange de sa soumission. Le souvenir opprimant des deux Denys, celui non moins odieux de Thrasybule, pesait encore sur la ville, l’oppressait comme aurait pu le faire une nuée de sang. Et le nom du jeune Hiéronyme courait de bouche en bouche avec des soupirs d’effroi. On espérait néanmoins que sa grande jeunesse le retiendrait encore pour quelques années éloigné du pouvoir.

Malgré tant de gens assemblés à ciel découvert sur les trois étages de gradins, un silence religieux