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les vierges de syracuse

par les narines de bronze où tremblaient les flûtes d’ivoire, emprunta toutes les clameurs de la nature, évoqua toutes les souffrances terrestres. Puis il y eut un silence ; — et un seul cri, un seul, aigu et terrible, résuma cet accord de plaintes : le cri de l’homme pris à la gorge, étreint et violenté par la mort.

— Vite, qu’on le retire ! fit Hiéronyme.

Il était temps. Le corps de Théodote ne formait plus qu’un tison fumant et noirci ; à peine discernait-on son visage au milieu des crins hérissés de sa barbe et de ses cheveux. Cependant il eut encore le courage de dire :

— Je ne parlerai point. Pourquoi ne pas m’avoir laissé mourir là ?

Alors Andranodore, les deux princesses, le jeune roi, les bourreaux, tous eurent la même inspiration féroce :

— Qu’on l’attache à la roue ! la roue le fera bien céder !

Cela, c’était la plus terrible épreuve, celle à laquelle il n’existait pas d’exemple qu’on eût résisté. Théodote fut attaché au moyeu de la roue, dont les rayons, s’élargissant soudain, firent craquer et se disjoindre ses membres. Il subit en silence un premier tour, puis un second ; mais au troisième il se rendit :

— Assez ! Assez ! cria-t-il. Je dirai tout.