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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/261

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les vierges de syracuse

pour la liberté. Le revirement s’était opéré tout à coup, sans transition, sans hésitation apparente. Dans le même instant toutes les bouches qui s’insultaient tout à l’heure avaient retrouvé l’unisson, et sur l’immense Timoléontium, devant le tombeau du plus ferme défenseur de la patrie, entre les statues harmonieuses de la Concorde et de l’Abondance, ce fut une seule clameur répercutée de quartier en quartier, portée jusqu’aux confins de Syracuse sur le front lauré des jeunes Victoires : « Nous ne voulons ni de Marcellus ni d’Annibal, ni de Rome ni de Carthage ! Nous voulons être nos maîtres et garder nos libertés intactes ! » Et le Pégase d’or, fier, indompté, aux narines frémissantes, à la bouche vierge du frein, le Pégase d’or, emblème d’une fierté jamais asservie, plus glorieusement sembla planer sur la ville.

La journée était déjà aux deux tiers écoulée ; mais il restait encore assez de temps pour mettre à exécution les résolutions qui venaient d’être prises. On courut à la fois sur les deux ports, où des bandes d’ouvriers cosmopolites, les bras nus, déchargeaient les marchandises ; à Ortygie, devant la citadelle où se tenaient les soldats ; chez les riches négociants de l’Achradine ; dans les villas somptueuses de Tyché, assises parmi les lentisques onduleux. Et partout, avec une impatience qui n’admettait pas de rémission, les mêmes questions