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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/304

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les vierges de syracuse

amour pour vous, et que, cet amour, il m’était défendu d’en laisser paraître le moindre signe ? Vous me rendrez du moins cette justice que jamais par un seul mot, par un seul geste, je n’ai contrevenu au pacte d’honneur qui existait entre nous. J’avais tellement peur de vous perdre ! Hélas ! Je vous perds quand même aujourd’hui, sans que mes regards aient pu entrevoir une fois votre visage !

— Oui, dit Praxilla, mais nous conservons cette jouissance suprême de savoir que nous n’avons pas manqué à nos serments.

Elle se tut, puis de nouveau sa voix s’éleva, grave et lente, pareille aux vibrations peu à peu éteintes d’une cithare.

— Adieu, Dorcas !

— Adieu, adieu, Praxilla !

Les pas légers de l’hiérophantide glissèrent entre les tombeaux. Mais Dorcas était demeuré à la même place, devant l’autel.

Et, comme Orthon s’était mis en marche pour remonter à l’entrée du labyrinthe, il entendit éclater tout à coup des plaintes véhémentes, de violents sanglots. Ces sanglots, sortis d’une gorge virile, s’engouffraient dans les circuits de l’étroit labyrinthe, remplissaient d’une douleur si profonde, si infinie, que jamais les gémissements des prisonniers enfermés dans la latomie des supplices n’en avaient apporté de semblable à l’oreille réjouie du