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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/311

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les vierges de syracuse

bras de fer, ces mains géantes, innombrables, s’abattirent sur les quinquérèmes, les saisirent au travers des flancs, les firent tournoyer dans l’air avec une vitesse vertigineuse, ainsi qu’au bout des ailes d’un moulin tournoierait une loque accrochée. Les carènes des navires happés de la sorte s’entrechoquaient, se heurtaient entre ciel et mer éparpillant le sang vermeil de leurs flancs, l’or et l’airain de leur charpente vigoureuse. Un dernier mouvement des mains géantes les lança plus loin encore dans l’espace ; puis tout s’abîma au sein des flots dans un épouvantable naufrage. Des cent cinquante bâtiments qui formaient la flotte romaine il ne restait sur la mer de Sicile que cinquante-deux voiles et le vaisseau prétorien que montait Marcellus. Çà et là les légers phasèles, se faufilant entre les débris des navires, repêchaient les quelques soldats qui avaient survécu.

Ce nouveau désastre avait porté au paroxysme la terreur irraisonnée des légions ; cependant Marcellus, cachant sa fureur sous les dehors de la raillerie, s’était empressé de courir au camp de l’Anapos pour essayer de relever les courages. Un sourire de commande retroussait les coins de sa bouche.

— Lequel d’entre vous, dit-il, trouvera le moyen de triompher de ce géomètre qui manie nos plus énormes navires comme des coupes à puiser l’eau ?

Mais aucun écho ne répondit à ses paroles. Les