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les vierges de syracuse

se placer entre Syracuse et les troupes romaines afin de leur barrer la voie. Que de choses encore ne savait-on point ! Des rapports secrets, des messages étaient échangés. Et tout cela au moyen de Damippus, le petit soldat lacédémonien, brave comme son épée et ingénieux comme personne.

Le soir, à l’heure indécise qui suit le crépuscule, après que le soleil était couché et que la lune ne brillait pas encore au ciel, Damippus sortait du port dans une barque étroite et profonde qui simulait à s’y méprendre la forme d’un requin ou d’un squale ; il s’y étendait enveloppé dans la peau d’une de ces bêtes marines et glissait ainsi dans le sillon des vagues entre les navires de la flotte romaine qui formaient au large la ligne de défense sur la mer. Et son subterfuge était si habile que jamais l’œil exercé des vigies n’avait percé à jour le mystère du petit pêcheur secoué sur l’abîme dans l’ombre et rapportant à Syracuse les nouvelles du monde extérieur.

Mais une nuit ces nouvelles furent mauvaises. Épicyde, qui guettait le retour de Damippus pour lui faire ouvrir les portes de la citadelle, vit tout de suite à la pâleur de son visage que les événements avaient mal tourné. Marcellus, en effet, après avoir pris successivement Léontium et Catane, s’était emparé de Mégare l’Hibléenne, — la ville du miel — et aussitôt sans donner à l’ardeur des légions le