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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/375

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les vierges de syracuse

comme les autres, elle s’abandonna sans scrupule aux ivresses de cette glorieuse nuit. La lune se levait mollement derrière le rideau argenté des feuillages. Les Pléïades aussi ouvraient dans l’azur leurs prunelles d’or. Elles formaient parmi l’immensité nocturne un groupe étincelant comme des vierges vêtues de lumière, et elles étaient les compagnes célestes d’Artémis, les sœurs éternelles du printemps. Mais plus radieux encore que tous les autres, l’astre de Cypris, doux aux amants, parut à son tour au sommet chevelu d’une colline. Alors la voix émue d’un aède résonna, soutenue par les cordes de la cithare : « Salut à toi, cher Hespéros, gloire sacrée de la nuit bleue ! Salut, ô cher ! » Et de tous côtés les époux et les épouses, les éphèbes et les jeunes filles mêlèrent leur chant à celui du poète pour célébrer la tendre clarté des étoiles.

Cependant Fanie s’était écartée des convives. Elle guettait le moment où dans la plaine, entre les deux temples, commencerait à se dérouler la pompe sacrée. L’heure lui paraissait longue avant de pouvoir retourner vers Dorcas. Et cette douce nuit, le goût du vin de Byblos sur ses lèvres, les chants, les parfums, les voix harmonieuses des jeunes hommes, tout cela, loin de lui faire oublier son cher époux, la pressait davantage de l’aller rejoindre. Enfin, elle vit le char qui devait emporter le Calathos s’arrêter devant le temple des Deux-