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les vierges de syracuse

quadrige où se becquetaient des colombes. Le char, le divin cocher et les oiseaux amoureux étaient faits du même morceau d’or étincelant. Tout autour, sur le bord arrondi du Calathos, était étendue la très belle Héra. Auprès d’elle se tenait Argus aux yeux toujours vigilants ; fier de ses belles couleurs, il déployait les plumes de sa queue comme la voile d’une nef rapide, et il en couvrait l’orbe de la corbeille sacrée. Mais personne ne songeait à commettre un sacrilège en transgressant la défense des prêtres ; et les Vierges seules savaient ce que contenaient les flancs du ciste.

En cortège blanc sous le disque nu de la lune, Praxilla et ses compagnes étaient sorties du temple et suivaient le char que traînaient les mules immaculées ; et tout était blanc dans cette virginale nuit, tout était impalpable et fluide, comme les formes mêmes des jeunes prêtresses. Elles s’avançaient, silencieuses, tandis que le ruissellement de ta lumière, ô Séléné ! faisait trembler à l’extrémité des branches les feuilles luisantes des platanes. Et elles semblaient elles-mêmes des rayons de la céleste clarté, des nymphes descendues de l’éther, dont les pieds touchaient à peine les replis du sol.

Ainsi elles passèrent, et longtemps après les hommes immobiles, le front dans le sable, restèrent prosternés. Quelques-uns se précipitèrent derrière elles pour baiser leurs traces. Et tous oubliaient