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Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/385

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les vierges de syracuse

que ceignait la ceinture épaisse des roseaux.

— Praxilla ! Praxilla ! murmura enfin Dorcas.

Elle se retourna et, cette fois, elle le vit, tremblant et adorant à ses pieds ; un pli de surprise allongea son pur visage.

— Comment avez-vous osé venir jusqu’ici ? interrogea-t-elle.

— Eh quoi, Praxilla ? fit Dorcas. N’est-ce pas sur votre ordre même que je suis venu ?

Ils se rapprochèrent ; le même doute venait de naître en même temps dans leur esprit, l’idée que l’un et l’autre, ne pouvant plus supporter l’angoisse de la séparation, avaient usé de ce subterfuge pour se revoir une dernière fois. Et, comme l’heure était au pardon, comme la paix souveraine des choses les portait à la douce mansuétude, ils se regardèrent sans rancune, une grande joie au fond de leur cœur. Pourtant Praxilla, d’un geste de pudeur instinctive, avait abaissé son voile sur son visage ; maintenant elle se sentait plus à l’aise pour écouter ce que Dorcas pouvait avoir à lui dire. Il reprit d’une voix mieux assurée :

— Écoutez, écoutez à travers les papyrus l’âme de Cyané courir vers le fleuve aux rousses ondes. Oh ! Praxilla, rien n’est meilleur, rien n’est plus délicieux, que l’amour ! Ne devons-nous pas remercier Zeus puissant, auteur de toutes choses, de nous avoir ménagé cette suprême entrevue dans la nuit