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les vierges de syracuse

fois j’ai aperçu la nudité de votre front, au soleil couchant et sous la clarté des étoiles. À présent, il faut que ce soit vous-même qui consentiez à vous révéler à moi. Voyez : Séléné montre son visage radieux dans l’azur, et, au secret de son temple, une fois l’an, la Déesse ne craint pas de faire à ses fidèles l’Épiphanie de sa beauté. Serez-vous plus implacable que la chaste Artémis, votre modèle ? Praxilla, Praxilla, je vous supplie de m’exaucer !

Il se tut, et une grenouille jeta sa note furtive au bord de la source. Grand Zeus ! Que toutes les choses de la terre, que même les choses du ciel paraissaient nulles, et comme du néant devant leur amour ! Que toutes les harmonies autour d’eux, et le bruit de la mer et le murmure des roseaux, semblaient vaines et sans portée auprès de ce grand tumulte qui agitait leur cœur ! Praxilla lentement, de sa main pâle, avait relevé l’étoffe légère ; et son visage immobile et pur, les cils abaissés, s’offrait maintenant aux baisers blancs de la lune, aux lèvres ardentes de l’amant. Alors ce fut un vertige qui s’empara subitement de Dorcas, un vertige qui le fit tournoyer comme le papillon autour du calice vers le centre d’amour de sa vie, vers la bouche sacrée de la prêtresse…

Communion divine !… Mais à peine l’eut-il effleurée, cette bouche sacrée de l’hiérophantide, qu’un bruit strident déchira les airs. Un hallali