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ximénès

Ils remontèrent la nef centrale jusqu’au chœur : ceinturonné d’une grille de fer, où couraient des branches de laurier et d’acanthe, ce chœur surgissait au milieu de la nappe luisante des dalles, comme un îlot émerge d’un lac. En face s’élevait le sanctuaire, autre îlot plus mystérieux et plus impénétrable, isolé dans son double massif de tombeaux. L’intérieur du chœur était peu en rapport avec les splendeurs éparses dans tout l’édifice. Des sièges de bois, non sculptés, recouverts de coussins écarlates, étaient disposés pour le Chapitre.

« Voilà, dit Ximénès, une silleria bien modeste pour la métropole de toute l’Espagne ; et, fixant Mota du regard, il ajouta : si les chanoines étaient réguliers à venir réciter l’office, nul doute qu’ils eussent réclamé depuis longtemps un aménagement plus convenable. »

Mota, devant ce reproche direct, dissimula une grimace de dépit.

« Il faudrait ici, continua Ximénès en se tournant vers Berruguete, une triple rangée de stalles pour les chanoines, les prébendiers et les chantres. »

Le jeune homme se recueillit un moment, puis :

« Une triple rangée de stalles, c’est bien cela qui conviendrait, pourvu qu’elles ne forment pas une masse confuse et lourde. Je les voudrais sculptées dans le mélèze, comme le retable du maître-autel, et si finement ajourées que l’on pût d’un seul coup d’œil en mesurer toute la profondeur ; entre chaque stalle des colonnettes de marbre, d’un marbre brun et luisant, qui s’harmonise avec le ton chaud des boiseries et n’en brise pas la ligne ; sur l’entable-