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ximénès

Péninsule. Pourtant, cette fois, Mota interpella familièrement les cordeliers.

« Eh bien, mes pères, vous savez la nouvelle ? L’archiduc Philippe et la princesse Jeanne sont près d’arriver à Tolède. Sa Seigneurie Illustrissime vient de recevoir le courrier qui les annonce.

— Ils ont mis assez longtemps à faire le voyage, dit Barracalde. L’archiduc passe pour préférer les Flandres à la Castille, où il ne vient, dit-on, qu’à son corps défendant.

— Il paraîtrait, continua Mota, que le roi Louis XII de France les a magnifiquement reçus et retenus longtemps dans son royaume. Rien qu’à Blois, où le roi de France se fait bâtir un magnifique château, on les a régalés quinze jours durant.

— Oui, dit le moine Théophile, c’est ce château dont un seul portique a coûté neuf cents livres tournois. Le maître de l’œuvre est un de nos frères, le révérend Giovanni Giocondo.

— Les fêtes qu’on leur a données en France ne sont que bouffonneries en comparaison de celles qui les attendent à Tolède, fit le père Contrera pompeusement. Il y a longtemps qu’on s’y prépare et jamais, dit-on, rien de plus beau n’aura été vu en Espagne, même du temps d’Alphonse le Magnifique.

— La seule raison de tout cela, ajouta Barracalde, c’est de convoquer les Cortès de Castille et les Bras de Saragosse, et de leur faire reconnaître l’archiduc Philippe et la princesse Jeanne comme les seuls héritiers et futurs souverains du royaume. L’archiduc aime le plaisir, et les Rois Catholiques se servi-