Page:Berthet — La tour du télégraphe, 1870.pdf/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
LA TOUR DU TÉLÉGRAPHE

— Oui, oui, à trois heures du matin… Le cheval, la selle et la bride… Mais renvoyez-les, ou ils vont enfoncer la porte.

— Je conterai tout, ajouta Victorin de sa voix gémissante ; je viderai mon sac, je vous le promets.

— N’essayez pas de me tromper ; je vais congédier les agents de police, mais il me sera très facile de les rappeler plus tard ; si à trois heures du matin vous n’avez pas rempli vos engagements envers moi, vous n’aurez rien perdu pour attendre… Soyez bien et dûment avertis.

Bras-de-Singe et le valet d’écurie promirent encore de se conformer aux instructions qu’ils avaient reçues. Alors Fleuriot fit signe de le suivre à Jacques Rouget, spectateur silencieux de cette scène, et ils retournèrent, précédés par le cabaretier, à la porte extérieure de la maison. Il était temps ; ceux qui frappaient commençaient à s’im patienter et se disposaient, en effet, à enfoncer la porte. Quand elle s’ouvrit, Fleuriot aperçut non-seulement les deux agents qu’il connaissait déjà, mais encore six soldats qu’on était allé chercher au poste voisin, et enfin le petit vieillard en bonnet de soie noire qu’il savait être le chef de la police locale.

Raymond et son ami étant sortis, ils furent aussitôt cernés par les agents de la force publique. Fleuriot s’empressa de dire d’un ton ferme :

— Messieurs, c’est moi qui vous ai requis de visiter cette maison ; mais j’ai été induit en erreur par des rapports mensongers, et la personne que je guette n’est plus ici. Je vous remercie donc de votre concours ; comme il est devenu inutile, vous pouvez vous retirer.

— Je ne sais, dit un agent avec humeur, jusqu’à quel point nous devons tourner ainsi au caprice d’une personne étrangère à l’administration…

— Tout est bien ! s’écria le petit vieux en bonnet de soie noire d’un ton d’autorité ; que les soldats rentrent à