L’ombre est chassée, — La joie est dans les yeux de l’homme ; — Les frères enfin se reconnaissent, — Et, la main dans la main, appellent l’avenir.
Arrière, ruines mille fois maudites, — Où mon cœur était navré ; — Où, sur la terre, je versais — Mon sang et les larmes de ma douleur !
Salut à toi, terre charmante ! — Ton aspect me récon- forte : — Chaque langage, chaque fête, chaque souvenir, chaque coutume, — Tu as tout ressuscité, tout rajeuni !
Ayant secoué la poussière de mes talons, — Avec un cœur joyeux, je vais à toi ; — Me voici de retour et pour chanter, — Parmi les meilleurs de tes fils.
J’ai jeté la plante amère — Et cueilli sur le bord du sillon, — Au milieu des fleurs de la terre labourée, — Une petite marguerite de neige et d’or.
Et maintenant, si Dieu m’en fait la grâce, — Je vais, pendant le reste de ma vie, — Tresser des couronnes — Avec des rameaux de laurier et de chêne.