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Maintenant que je suis mort, maintenant je suis plus clairvoyant ; — Il n’y a plus pour moi ni renommée, ni biens, ni flatterie. — Ma production, comme une moisson, est maintenant vannée, — Le froment et l’ivraie sont triés.

Mais l’on n’a point jeté les mauvaises herbes dans la mer : — Par mes anciens amis, en grande cérémonie, elles sont semées. — La belle moisson que produira ce grain maudit ! — La belle fureur universelle ! les belles malédictions !

Le grand labeur que fut le mien pour amener le mal ! — Le poids m’en fait encore incliner les épaules. — Uniquement au mal, Renan doit sa renommée ; — Par les esprits pervers, il est hissé sur son piédestal.

Or dois-je maintenant ou rire ou pleurer ? — Pour certains je suis un sage, pour d’autres un charlatan. — J’entends les malédictions se lever autour de moi ; — À cause de moi, ma patrie est en guerre civile.

Et me voici dressé devant la cathédrale — Par une foule composée de beaucoup d’étrangers et de peu de compatriotes. — Saint Yves, honoré, est là parmi les Saints, — Et toujours, sans honneur, je resterai au milieu du chemin.

De moi, les gens de mon pays sont ignorants, — Encore que je crusse être aussi grand que Dieu. — Devant les vieux Saints de Bretagne, sur leurs deux genoux nus, — Les hommes prient aujourd’hui comme ils prieront demain.