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VI
AVERTISSEMENT

On trouvera dans l’Album des modèles de formules descriptives, et de nombreuses photographies de types physionomiques présentés en tableau, en vue de servir de guide à la rédaction du portrait parlé. Leur vulgarisation dans les services de police active n’est plus qu’une affaire de temps ; la thèse théorique est gagnée. Mais il est bien entendu qu’un tableau aussi complet de rubriques descriptives ne doit pas être dressé pour chaque sujet examiné ; ce cadre visant principalement l’analyse d’un portrait photographique en vue de faciliter la recherche et la reconnaissance d’un malfaiteur en fuite, ne doit servir que lorsque les circonstances l’exigent. Les enquêteurs de ce genre disposent alors de tout le temps nécessaire, et l’importance de la tâche qui leur est confiée est telle que le supplément de travail qui en résulte pour eux ne saurait entrer en ligne de compte.

Ainsi tous nos efforts, en composant les Instructions sur les renseignements descriptifs out tendu à mettre à la portée des agents de la force publique une méthode à la fois rigoureusement scientifique et aussi simple que le sujet le comporte. La chose en valait la peine, car il est bien évident que le signalement anthropométrique pur (pour lequel nous ne saurions être soupçonné de sévérité) ne peut entrer en concurrence avec le descriptif pour les applications à la police extérieure et notamment pour l’identification d’un malfaiteur en fuite.

Or, à regarder les choses d’un point de vue élevé, tout en police est affaire d’identification. Un crime vient d’être commis par un inconnu ; la tâche de la police va consister : 1° à découvrir l’individualité du coupable ; 2° à le rechercher pour l’arrêter ; c’est-à-dire à l’individualiser au milieu de la foule des humains. Depuis le commencement jusqu’à la fin de l’enquête judiciaire, ce ne sont que questions d’identité, de description, de signalement à élucider, en prenant pour base des éléments bien vagues et bien trompeurs des témoins, il est vrai, mais au milieu desquels la nouvelle méthode a le mérite de jeter quelques lumières.

N’est-ce pas là un premier pas vers une police scientifique où les connaissances techniques de la chasse à l’homme